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Quelles sont les différentes formes de bipolarité ?

On croit souvent que la bipolarité est une seule et unique maladie. En réalité, non seulement elle peut se manifester différemment en fonction des personnes, mais il existe même plusieurs types de bipolarité... qui ont autant de points communs que de différences.

La bipolarité type I

Autrefois appelée psychose maniaco-dépressive (ou maniaco-dépression), c'est la plus "célèbre"... mais aussi la plus rare, puisqu'elle touche seulement 1 % de la population.

Daddy Cool

Dans le film Daddy Cool (2015), Mark Ruffalo incarne un père qui doit s'occuper de ses deux filles malgré une bipolarité envahissante.

La bipolarité type I se caractérise par une alternance de longues phases, qui peuvent durer de quelques semaines à plusieurs années.

Pendant les phases de manie, l'humeur décolle au point de perdre le contrôle sur ses pensées, ses émotions et son comportement : dépenses excessives, désinhibition, projets irréalisables, prise de risques... voire même délire et paranoïa dans les cas les plus extrêmes.

Puis, souvent, l'humeur retombe et laisse place à des dépressions sévères. 15 à 20 % des bipolaires de type I finissent par se suicider à cause d'un état dépressif.

Enfin, les bipolaires de type I connaissent des intervalles libres, pendant lesquels ils ne sont ni maniaques ni dépressifs. Des épisodes de répit qui peuvent faire croire, à tort, à une guérison : nombreux sont ceux qui interrompent leur traitement pendant ces périodes de calme... et replongent d'autant plus violemment dans leurs hauts et leurs bas.

Bipolarité de type I

Schéma des cycles d'humeur dans la bipolarité type I

La bipolarité type II

Qualifiée de « bipolarité atténuée », car ses épisodes sont moins extrêmes que la bipolarité de type I, elle n'en est pas moins une maladie très grave et invalidante !

Journal d'une bipolaire

Dans son autobiographie Journal d'une bipolaire (2010), Émilie Guillon raconte un parcours émaillé d'excès, de dépressions et d'hospitalisations.

Comme la bipolarité de type I, la bipolarité de type II alterne phases hautes, basses et neutres.

La différence : les phases sont moins intenses : au lieu de phases maniaques, on parle de phases hypomaniaques (soit littéralement « sous-maniaques »). Bien que difficiles à vivre et très handicapantes, elles sont de plus courte durée et ne déconnectent pas complètement la personne de la réalité : ainsi, un bipolaire de type II ne sera jamais « assez » exalté pour aller courir tout nu dans la rue !

Paradoxalement, ces phases moins prononcées rendent le diagnostic plus difficile à poser : dépenser 100 € en produits de beauté, est-ce le symptôme d'un trouble de l'humeur ou juste une petite fantaisie ? Pourtant, ces excès répétés exposent à des problèmes en cascade : par exemple, nombre de bipolaires sont frappés d'interdit bancaire.

Bipolarité de type II

Schéma des cycles d'humeur dans la bipolarité type II

La cyclothymie

La cyclothymie est parfois classée bipolarité type II ½, car elle a la même amplitude d'humeurs que la bipolarité type II (de l'hypomanie à la dépression). Il s'agit pourtant de troubles différents : la cyclothymie se distingue par son instabilité chronique.

Goupil ou face

Dans Goupil ou face, Lou suit son renard dans le monde de la bipolarité... où elle fera des rencontres étonnantes.

Dans la cyclothymie, les changements d'humeur entre hypomanie et dépression sont plus fréquents et plus nombreux. On ne parle pas toujours de « phases » car ils peuvent être très courts, de quelques jours... à quelques heures !

Contrairement aux autres formes de bipolarité, les cyclothymiques ne connaissent pas vraiment de phase stable. Ils sont donc en permanence ballotés d'émotion en émotion : trois jours de dépression profonde, puis remontée inattendue vers une euphorie agressive qui, au bout d'un jour ou deux, se muera sans raison en abattement et en fatigue, avant de se transformer en angoisse handicapante...

Cyclothymie

Schéma des cycles d'humeur dans le trouble cyclothymique

Comment construire une vie stable quand on ne peut jamais prévoir le lendemain ? Ces zig-zags impactent la vie des cyclothymiques à tous les niveaux : projets lancés dans des moments d'euphorie et avortés tout aussi vite, vies amoureuses compliquées au rythme des coups de foudre et des ruptures, parcours professionnels émaillés de démissions, de reconversions, de pertes d'emploi... Et si certains parviennent à trouver un peu d'équilibre, d'autres accusent les effets de leur maladie :

Je suis trop fatiguée pour occuper un emploi à temps plein. Je souffre d'insomnie sévère. Je ne peux pas faire d'enfants par peur de leur transmettre le mal et de ne pas pouvoir les élever dans l'équilibre d'un foyer stable. Je suis difficile à vivre pour mon entourage car la maladie amplifie les émotions positives et négatives, ce qui est très déstabilisant. [...] Je ne peux pas partir en week-end ou en vacances avec des amis de peur qu'ils me voient en état de faiblesse, et je ne peux pas faire de projets à cause de la fatigue et de crises d'angoisse incontrôlables.

— Lettre ouverte d'une patiente cyclothymique, CTAH

La cyclothymie est donc une forme de bipolarité particulière, avec ses problèmes bien spécifiques et ses propres enjeux. Trouver la stabilité : c'est la quête de Lou dans Goupil ou face !


Note : selon les classifications, il existe d'autres formes de bipolarité, comme la bipolarité induite par les médicaments ou encore les dépressions sans hypomanie (unipolarité). Mais ces trois formes sont celles que l'on rencontre le plus fréquemment quand on parle de specte bipolaire.