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Comment diagnostiquer la cyclothymie ?

Malheureusement, il n'existe pas de méthode rapide et efficace pour dépister la cyclothymie : pas de prise de sang, pas de scanner ultra-performant du cerveau, pas de petit bâton qui change de couleur quand on fait pipi dessus...

C'est la raison pour laquelle il faut en moyenne 10 ans pour diagnostiquer la bipolarité aujourd'hui en France. Un délai terriblement long !

Comment repère-t-on la cyclothymie ?

Il faut déjà trouver le bon interlocuteur ! La plupart des médecins généralistes ne sont pas suffisamment spécialisés pour diagnostiquer la cyclothymie. Il vaut donc mieux se tourner vers un psychiatre (médecin spécialisé dans le cerveau) ou un psychologue (professionnel de la psychologie), mais, là encore, tous ne sont pas également informés. On peut privilégier ceux qui sont formés aux thérapies comportementales et cognitives ou se tourner vers un centre spécialisé (il en existe des privés comme des publics). Attention, l'approche psychanalytique ne convient pas pour détecter les troubles de l'humeur.

Extrait de Goupil ou face

Le diagnostic, un parcours difficile - Extrait de Goupil ou face

On observe l'humeur. Les patients consultent souvent pour des dépressions : pour poser un diagnostic de bipolarité, il faut aussi détecter l'existence de phases hautes. Pour cela, le spécialiste de santé va chercher avec le patient des épisodes passés où l'humeur aurait pu être particulièrement élevée. Pour affiner ce diagnostic en cyclothymie, il faut trouver la trace de variations rapides : il existe des méthodes de suivi de l'humeur qui permettent d'observer, au quotidien, la fréquence et la hauteur des variations.

On remonte l'arbre généalogique ! Les troubles de l'humeur ayant une forte composante héréditaire, il n'est pas rare de trouver d'autres personnes bipolaires dans la famille proche - et, si elles n'ont pas été diagnostiquées, on peut parfois déceler des indices (dépressions répétées, humeur variable, nombreux divorces, suicide, hospitalisations...) qui peuvent suggérer un trouble de l'humeur.

Il existe aussi des tests de dépistage. Ce sont souvent des questionnaires écrits qui portent sur les habitudes, les ressentis et le vécu. On les trouve dans certains livres, ou lors de consultations dans des cliniques spécialisées. À eux seuls, ces tests ne permettent pas de poser un diagnostic, mais, analysés par un spécialiste de santé, ils fournissent des éléments pour confirmer ou réfuter les observations préalables.

Mais pourquoi est-ce si difficile à diagnostiquer ?

Parce que les psychiatres sont mieux formés aux autres formes de bipolarité. Il arrive souvent que le spécialiste ne repère que les phases dépressives, plus visibles, ou pire  : qu'il ne prenne pas son patient au sérieux.

Dans ma pratique de psychologue, j’ai constaté que les personnes souffrant d’un trouble bipolaire de type cyclothymique arrivaient au cabinet avec le diagnostic erroné de dépressif chronique.

En effet, les phases expansives restant assez discrètes, elles ne sont pas aisément décelables à moins d’un questionnement et examen minutieux de la vie du patient.

— Isabelle Leygnac-Solignac, psychologue clinicienne

Parce qu'elle est masquée par d'autres troubles. La cyclothymie est fréquemment accompagnée par des troubles alimentaires (boulimie, anorexie), des troubles anxieux (phobie sociale, crises d'angoisse, TOC...) ou addictions (à l'alcool, au jeu...). Conséquence : lorsqu'un diagnostic est posé pour un de ces troubles « de surface », on ne se posera pas forcément la question de savoir s'il y a autre chose en-dessous ! Ce qui conduit à des traitements inadaptés et un maintien, voire une aggravation, des symptômes.

Parce que la consultation se fait à un instant T. Pas évident de réussir à diagnostiquer une humeur qui varie quand on n'a qu'une demi-heure de consultation... C'est un peu comme si on demandait au spécialiste de santé de deviner un mouvement en lui montrant une seule photo : il faut un œil exercé pour y parvenir !

Parce que les cyclothymiques ne consultent pas toujours ! Comme les phases sont de courte durée, la plupart pensent qu'elles font partie de leur nature. Il n'est pas rare aussi qu'ils se méfient des psychiatres et psychologues s'ils ont déjà eu des expériences négatives par le passé. Il faut parfois attendre que les dépressions s'aggravent au fil des années et que les difficultés s'accumulent pour qu'enfin ils cherchent des solutions.